Les pionniers de la botanique, les littérateurs et premiers voyageurs, tout comme les premiers vendeurs de café, jouaient de l’instabilité d’un mot nouveau dans de nombreuses langues. En français, les variations se sont multipliées : cavé, caphé, cavhé, kaffé et même chaube, caoua, caowan, kahwan, canua, kawa comptent parmi les innombrables métamorphoses du mot, notamment chez les crieurs de rues, Arméniens ou Levantins, et les cafetiers italiens ou non.
Les grains étaient, quant à eux, souvent perçus comme des fèves, proches de celles du cacao. Ils étaient appelés bunchum, nom qui rappelle l’originel bunn éthiopien.
Les langues d’aujourd’hui héritent de ces incertitudes et semblent à peu près toutes puiser, non dans les racines éthiopiennes de bunn, mais bien dans le terme arabisant et donc commercial de kahwa : Kaffee (allemand), coffee (anglais), kai-fei (chinois), kaffé (suédois et danois), kahvi (finnois), café (français, espagnol et portugais), kafeo (grec), koffée (hollandais), caffè (italien), kehi (japonais), qéhvé (farsi), kawa (polonais), cafea (roumain), kaphe (russe), kahveh (turc). Sauf en Éthiopie, où il a conservé son nom original : Bunn. Vive la version originale !
Quant au mot « café », il apparaît au XVIIe siècle en français et, par la même occasion, en latin moderne (coffea). Il est issu, comme toutes ses traductions dans le monde, du mot arabe de tradition soufie kahwa, qui signifie : « ce qui ravit et incite à l’envol ».
Certains ont vu sa racine dans Kaffa, nom de sa région historique en Éthiopie, peuplée par les Oromos, ou encore dans kaaba, la pierre noire sacrée de La Mecque, ou même dans qahwa, le vin, la liqueur en arabe – qui ressemble étrangement à notre caoua du temps des colonies –, ou enfin dans ka et afa, contraction de « Dieu » et de « plantes de la terre ». Le café serait donc, pour beaucoup, béni des dieux.
Cet article est extrait du livre Café d'Hippolyte Courty.