La croissance de sa consommation, estimée à plus de 20% par an, le dynamisme de ses acteurs micro-roasters ou barista, la multiplication des innovations, sa montée en qualité, la hausse des prix de ventes, les avancées marketing, et les grandes concentrations financières, en font l'un des secteurs les plus attrayants du moment. Et cette tendance n'est en rien ponctuelles mais bien durable et gonfle tous les observateurs d'optimisme.
Pourtant, cet arbre, si beau et si croissant soit-il, cache une forêt plus inquiétante qui préoccupent nombre des acteurs du secteur, principalement les producteurs et ceux pour qui la sécurité des flux est cruciale : importateurs, traders et industriels.
Le changement climatique n'est en effet pas un vain mot ni un programme pour demain mais bien un changement d’aujourd’hui qui affecte profondément et durablement notre quotidien. A tel point que les organisations internationales comme l'OIC prédisent que 60% des terres caféicoles sont directement menacées de disparition à l'horizon de 2060, et la prestigieuse revue Nature Plants annonce une possible extinction du café vers 2080. Aussi, les effets se révèlent extrêmes à l'échelle régionale comme en Ethiopie où l'ensemble des terroirs seraient menacés dans les 40 ans à venir.
Oiseau de mauvaise augure ?
Pas vraiment, puisque les effets sont aujourd'hui déjà considérables. Les pandémies se multiplient et ravagent les verges nationaux. La Rouille a ainsi ravagé plus de 60% des vergers du Guatemala, 40% de celui du Honduras ou du Salvador, plongeant des centaines de milliers de producteurs dans la ruine et les obligeants à abandonner la caféiculture (+ de 100 000 rien que pour le Guatemala). L'Afrique connaît une autre pandémie que la rouille et si elle était aujourd’hui affectée avec la virulence à laquelle l’Amérique Latine et Centrale a été touchée, elle ne pourrait pas structurellement s’en relever. La caféiculture disparaîtrait de pays entiers comme au Rwanda, au Burundi ou en Tanzanie.
La sécheresse, les pluies diluviennes, les pandémies, les invasions de nuisibles ne sont que des symptômes d'un même mal qui plonge le marché dans de grandes et réelles incertitudes. C'est que si la demande augmente, la production, elle, diminue d'année en année et les risques se multiplient. Ainsi, il manque ainsi pour 2017, 3 millions de sacs, et la production brésilienne, premier producteur mondial, enregistre pour la seconde année consécutive une baisse de sa production.
Et paradoxalement, cette pénurie annoncée de café ne joue pas encore sur les cours. Ceux-ci restent en effet à des niveaux historiquement bas, ce qui plongent dans la misère nombre de producteurs, contraints de s'endetter pour lutter contre les effets du réchauffement climatique en achetant plus d'intrants chimiques, de nouvelles variétés déposées, de matériel etc.. C'est que les coûts de production ont durablement dépassé les cours et vont crescendo… Un signe est que les grands industriels achètent au-dessus du marché et mettent en place, pour justifier ou non cette démarche, de multiples certifications.
Alors quelles sont les solutions ?
Celles de l'industrie et du monde agro-industriel, des gouvernements. La FAO, le World Coffee Research, l’OIC (Organisation Internationale du Café) ont depuis plusieurs années déjà fait part des directions nécessaires à l’adaptation de la caféiculture au changement climatique. Il n’y a selon eux pas d’échappatoire possible. Il reste à agir notamment dans le cadre du Climate Smart Agriculture (CSA) program. L’adaptation technique des cultures aux nouveaux paramètres climatiques et sanitaires : nouvelles variétés hybrides ou issues de la somatogénèse, en attendant les OGM en cours de développement, plus tolérantes aux pandémies et notamment à la rouille : Castillo, Marsellesa notamment, ou hybride F1. Techniques d’agriculture modernes. Soutient aux producteurs. Nombreux sont aussi ceux à inviter à des migrations des zones caféicoles vers des régions d’altitude ou plus tempérées. Enfin, ces institutions mettent parfois timidement des initiatives comme celles de Nica-France et du fonds Moringa autour d’une caféiculture alliant haute technicité, haut rendements et agroforesterie. Même un ouvrage comme le The Craft and Science of Coffee, écrit par de nombreux industriels, insiste sur cette adaptation obligée aux nouvelles contraintes naturelles, et s’il passe en revu, très rapidement, les différents labels de production, en passe sous silence quelques-uns. Ceux qui nous paraissent les plus pertinents et surtout les plus probants pourtant.
Au vu de l’ampleur de la menace et du caractère extrêmement fort et immédiat des impacts du changement climatique, il est intellectuellement et pratiquement impossible de ne tenter qu’une seule voie de solution, de n’ouvrir qu’un seul champ des possibles. D’autant que cette voie, si fortement technicisée, demande des investissements financiers et des ressources techniques accessibles aux seuls grandes structures, ne donnant pas d’autres choix aux producteurs modestes de renoncer à la production. Or, la caféiculture comme la nature elle-même, est caractérisée avant tout par la diversité des pratiques et des contextes agricoles (90 pays pays producteurs) d’une part et par la petite paysannerie (70 millions de producteurs dans le monde).
Il ne serait ni raisonnable ni souhaitable de ne se fier qu’à un seul type de paradigme, celui-lui même qui, selon nombre d’analyses, a pour effet d’accélérer le changement climatique et la déprise caféicole.
Le projet Next Step Coffee vise donc à la promotion concrète des alternatives agricoles. Concrète car fondée sur des réalisations, et pas des moindres, réelles, reconnues et performantes. Ces alternatives sont durables, rentables, intègres, sociales et écologiques. C'est cela qu'on appelle le Next Step Coffee.
Le Coffee Next Step, c'est le café de demain que pratiquent aujourd’hui quelques-uns des plus grands caféiculteurs.
Celui d'une qualité jamais atteinte jusqu'à maintenant car gustative, économique, environnementale et humaine.
Les agricultures durables constituent son credo, et particulièrement la biodynamie. Le Next Step Coffee est donc un café produit de façon naturelle sans intrant et tourné vers la haute qualité, permettant l'autonomie des producteurs et ayant comme moteur l'innovation et le partage.
S'agirait-il d'un doux rêve de plus ?
NON, car le marché des cafés labellisés Demeter est en explosion et les produits issus des agricultures durables comme la permaculture rencontrent une réelle demande.
NON, car les producteurs n'ont plus le choix que d'inventer ou d'intégrer des agricultures sans coûts exogènes, car ils n’en ont plus les moyens et les cours du marché ne leur laissent plus le choix.
NON, car les plantations ont besoin de modes agricoles qui créent du sol (on estime à moins de 1% le taux de matière organique dans le sol de Tarrazu et du Minas Geiras), évitent les lessivages et les salinisations du sol, et soient profitables et garantissent des revenus complémentaires.
NON, car les consommateurs le veulent. En France, les dernières études montrent que plus de 60% des Français sont prêts à dépenser plus avoir une qualité meilleure pour la santé, car 93% sont persuadés que les intrants chimiques ont un mauvais impact sur leur santé.
NON, enfin car toute l'industrie du café de spécialité sacrent les planteurs qui pratiquent ces méthodes alternatives.
La preuve ?
Sur les 15 plantations en biodynamie au monde, 2 ont gagné la Cup Of Excellence de leurs pays respectifs (Brésil et Mexique) avec les meilleures notes jamais atteintes dans ces pays. El Equimite (4 premières places) et Camocim. Celle de la Chakra Do Dago fait partie des best 30 du Pérou alors que les premiers postes ont été pris par des fermes certifiées bio. Une autre, Baalmadie estate, est régulièrement classée meilleur café d’Inde. Enfin que dire des cafés de Jamison Savage et de sa Finca Deborah à Volcan au Panama, qui s'arrachent littéralement.
La biodynamie est donc étonnamment puisante, qualitative et valorisée pour sa part infime quelle représente en production. 15 producteurs sur les 70 millions, et pourtant lesquels !
Pendant longtemps, la caféiculture biodynamique, tout comme la biologique, s’est essentiellement concentrée sur la demande de café commercial, alliant biologique et fair trade. Longtemps, la qualité ne fut pas son but. Seul l’aspect écologique et social primait.
Or, depuis une dizaine d’années, les producteurs avec lesquels oeuvrent L’Arbre à Café sont investis dans une logique méliorative afin de produire les meilleurs cafés du monde, dans tous les sens du terme. Meilleur pour le business, meilleur pour la terre, meilleur pour les travailleurs, meilleur pour la qualité, meilleur pour tout.
Le temps est venu de regrouper ces producteurs dans un groupe pionnier et de partager l’information, les méthodes et l’enthousiasme pour accélérer la réalisation du Next Step Coffee.
Next Step Coffee est une communauté de pionniers, des fermiers pratiquant la biodynamie dans leur plantation de café, visant la haute qualité, partageant leurs pratiques et oeuvrant ensemble pour un monde meilleur. Cette communauté est ouverte à tous les professionnels du café et des pratiques culturales durables.
Elle a pour vocation la promotion du café haute qualité en biodynamie, et a pour moyen le livre Coffee Next Step, introduction à la biodynamie dans le café(parution prévue en mai 2018), au Farmer Hand Book (somme des expériences des producteurs et des spécialistes), des cuppings, des visites de fermes et des workshops.